Virginia Woolf, sa vie, son œuvre …
Le livre de poche - 1925 - 220 pages. |
Un
choix très subjectif, parmi ses œuvres les plus emblématiques : 1915 -
« La traversée des apparences » ; 1922 – « La chambre de
Jacob » ; 1925 – « Mrs Dalloway » ; 1927 –
« Promenade au phare » ; 1928 – « Orlando » ;
1931 – « Les vagues ».
Une
romancière anglaise qui m’est chère ; liée à des souvenirs de lecture de
jeune fille... Comme aujourd’hui, premières chaleurs estivales, début de
longues vacances qui m’offraient la possibilité de choisir de découvrir des
romans et des auteurs ! Cette relecture s’est imposée suite à la lecture
du roman « Les heures » de Michael Cunningham. Une irrépressible
envie de replonger dans l’univers si spécial de Virginia Woolf … Petit
aparté, j’ai même retrouvé le jumeau du poche que je possédais à l’époque !!! (Les braderies, des joies sans fin).
Le
roman …
A Londres, pendant une seule journée de 1923, rythmée par les
coups de cloches de Big Ben, nous suivons deux personnages principaux, qui sont Clarissa
Dalloway, une femme au foyer de la bourgeoisie londonienne, d’une cinquantaine
d’années (sort d’une longue maladie) et Septimus Warren Smith, vétéran de la
Première Guerre Mondiale atteint de psychose post-traumatique. Ils ne se
connaissent pas ; ils se croiseront sans jamais s’appréhender ! Le roman s’ouvre sur Mrs Dalloway qui sort
acheter des fleurs pour sa soirée mondaine. Ne cherchons pas d’action,
seulement des monologues intérieurs ; leurs pensées et intimité se révèlent
au détour de promenades, d’errance au travers de la ville. Tour à tour, ils
effleurent d’autres protagonistes qui eux-mêmes se dévoilent au gré leurs
pensées. Peter Walsh, l’amour d’autrefois de Clarissa, ressasse ses souvenirs,
sa jeunesse. Miss Kilman, professeur d’Elisabeth (fille de Clarissa),portrait
tracé au fusain qui illustre la femme de petite condition malmenée par la naissance
et la vie, très instruite, aigrie par la
force des choses, juge et dresse un portrait assez cinglant de Mrs Dalloway, la
mondaine. Quant à Elisabeth, jeune femme qui cherche à s’émanciper, symbolise
la nouvelle société émergente conséquence du conflit 1914-1918. L’auteur a
choisi de présenter les faits de façon simultanée ; elle a recours au
discours indirect libre, à l’épanchement intérieur et à la superposition des
points de vue de chaque personnage. Les faits du récit aident seulement à
comprendre l’existence, le passé, des prétextes pour amener les états d’âme de
tout un chacun. Pas de chapitres, seules les heures égrenées par l’illustre
horloge scandent les multiples soliloques !
Virginia Woolf aborde un thème résolument nouveau pour son
époque, celui de l’altérite : avec Mrs Dalloway, femme publique, d’un
certain rang social et Clarissa qui flotte
entre ses pensées très personnelles. Ce genre de dichotomie s’effectue aussi
pour les autres personnages du roman. Autre thème très présent dans
roman : la mort. Elle se glisse subrepticement dans chaque monologue, sans rien ôter au
texte, mélange tout en douceur quasi naturel.
Et bien sûr l’eau, un élément présent, quasi obsessionnel, sujet à toutes
les métaphores dans les romans de Mrs Woolf.
" L’oubli, chez les hommes peut blesser ; l’ingratitude
irrite, mais ce grand courant, qui roule sans fin, une année après l’autre,
emporte tout ce qu’il rencontre, ce vœu, ce camion, cette vie, cette
procession, les enveloppe et les entraîne ; de même le torrent d’un glacier
prend un ossement, une fleur bleue, un tronc d’arbre et les roule." p
160 .
Virginia Woolf cherchait une nouvelle forme d’écriture réaliste.
Son roman « Mrs Dalloway » met en scène des personnages avec leurs
sentiments, leurs choix ; leurs identités propres. Rêveries, réflexions,
leurs corps sont ancrés dans le présent, mais leurs esprits s’échappent, noyés
dans leurs pensées. Par certains côtés, la réception m’a rappelé les soirées du
« Temps retrouvé » de Marcel Proust. Le temps qui file, les souvenirs
et le passé qui s’invitent ; les mondanités auxquelles les personnages s’accrochent
… Une lecture nostalgique, toujours un coup de cœur, je suis restée bercée par le
ressac des mots, des phrases de ce grand
et formidable écrivain qu’a été et
restera pour toujours « Madame Virginia Woolf »
"L’amour… mais ici l’autre cloche, la cloche qui, toujours,
frappe deux minutes après Big Ben, arriva tout affairée, les mains pleines de
bagatelles qu’elle lança par terre comme si c’était très bien que Big Ben, avec
sa majesté, fi la loi, si solennelle, si juste, mais qu’il y eût encore toutes
sortes de petites choses qu’il ne fallait pas oublier –" p 148.
"Car, voici la vérité sur notre moi, pensa-t-il, sur notre âme qui habite des mers profondes et navigue, comme un poisson, entre des choses ténébreuses, se faufile entre les troncs des algues géantes, traverse des espaces pointillés de soleil, et s'enfonce dans l'obscurité froide, profonde, impénétrable. Soudain, elle s'élance à la surface et bondit sur les vagues que le vent ride, ce qui veut dire qu'elle a un besoin réel de se frotter, de se nettoyer, de se réveiller, de bavarder." p 184.
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