mardi 25 juillet 2017

"Les âmes vagabondes" de Stephenie Meyer.

2008- JC. Lattès -
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Dominique Defert.
617 pages.



L’été, j’aime assez lire des romans de science-fiction qui laissent place à l’imagination, une totale coupure avec le quotidien Durant mes fouilles régulières dans ma braderie préférée,  le titre de ce roman m’a interpellé et mon instinct a fait le reste.

La terre a été envahie par des extraterrestres d’un genre un peu particulier. Ce sont des âmes, des colons à travers l’univers ; dépourvues de corps elles recherchent en permanence des hôtes auprès d’autres espèces vivantes. Sans conflits, ni guerre, ni violence peu à peu elles s’immiscent à l’intérieur de nos corps et prennent le contrôle de nos esprits.  Lentement, insidieusement la quasi-totalité de l’humanité se métamorphose. Peu à peu la conscience humaine déserte les corps. La population sur terre est comme anesthésiée, plus de haine, de férocité. La société se base sur un troc économique, la confiance et l’entraide, une société utopique où nos instincts de petits sauvages sont réfrénés. Ces êtres ne cherchent pas vraiment à nous nuire ; d’un certain côté l’humanité s’améliore exit les passions. Les humains possédés sont reconnaissables à la couleur de leur iris, une couleur claire irisée, argentée se greffe autour se reflétant à la lumière.

"Elle est enfermée, Ian. C'est comme une prison ... pire que ça ; je ne sais pas comment décrire ce qu'elle endure. Elle est une sorte de fantôme. p 573.  



Seuls quelques individus ont échappé  à cette mutation. Le roman s’ouvre avec l’une d’elles, Mélanie Stryder, une des dernières humaines. Course poursuite, tentative de suicide manqué, elle est attrapée. Dans un centre de soins, elle reçoit une âme prénommée "Vagabonde" , la Terre est sa neuvième vie. Son expérience fait d’elle  la candidate idéale pour découvrir, par le biais des souvenirs et de la mémoire de Mélanie, le dernier bastion humain. Une « traqueuse », une âme disons policière pour faire  court dans la définition, attend avec impatience les informations.

Vagabonde nous racontent son existence et ses aventures sur terre ; l’histoire aborde le point de vue de l’extraterrestre "parasite". Tout est expliqué, montré en connexion avec ses ressentis, sa sensibilité d’âme étrangère à notre monde. Dès son implantation, le conflit s’installe entre les deux âmes. Les transplantations dans des corps adultes se font plus rarement pour éviter ce genre de problème et une nouvelle opération qui condamnerait le corps humain rétif. Là, un cas bien particulier, les « aliens » ont besoin d’informations.

Mélanie possède un caractère bien affirmé, limite explosive en comparaison de la douce et un peu docile Vagabonde. Elle partage ses souvenirs, manipule dans l’espoir de retrouver son jeune frère Jamie et l’homme dont elle est follement éprise Jared. Par empathie, elle est révulsée à l’idée de condamner à mort son hôte ; elle décide de partir dans le désert américain (du côté de Tucson, Phoenix). A partir de ce moment-là le roman relate leur existence parmi « les résistants » au fond de galeries souterraines à l’abri des Traqueurs. Il est vrai que le récit se déroule principalement sous terre, en petit comité, en secret. La survie s’organise en autarcie complète ; la petite communauté régie par l’oncle de Mélanie : Jeb. Un des rares humains à émettre des théories des complots et à croire à l’invasion extraterrestre. 

 Au début, Vagabonde est considérée comme un monstre à abattre ; le « mille-pattes » parasite, sujette à de nombreuses violences physiques et verbales (un peu trop même).

Tout le roman s’articule autour des âmes très différentes qui lentement finissent par cohabiter et s’apprécier. Vagabonde, surnommée Gaby par le contact de Mélanie estime sa nouvelle famille et tient à la protéger des siens ; tout particulièrement Jamie, le jeune frère et Jared.

L’histoire tient entre un mélange de petites philosophies et de romance un peu particulière - pour être plus précise, une quadrangulaire amoureuse, pas courant, deux âmes féminines dans un corps : Mélanie et Jared, un amour passionnel et charnel et Gaby et Ian amour spirituel et tendre faisant fi des corps et de l’attirance physique – sans cesse Gaby est déchirée entre ses propres sentiments (un fait nouveau pour elle) et ceux qu’elle ressent consécutifs avec sa promiscuité mentale avec Mélanie.

 
Je me suis très vite attachée à Vagabonde, à son caractère, sa bonté, sa capacité à comprendre, à ressentir les sentiments des humains. Les autres personnages sont aussi très omniprésents, chacun tient sa place et son rôle. (Jared, Jamie, les deux frères Ian et Kyle, la brute, Doc, le médecin, la traqueuse). La fin du roman laisse toutes les ouvertures possibles et les rumeurs d’une suite possible pourraient se confirmer. Il est indéniable que Stéphenie Meyer possède un certain don de conteuse ; elle nous embarque dans son univers fictionnel sans pratiquement d’actions généralement requises à ce genre de roman. Petit aparté, j'ai trouvé assez poétique les noms que choisissaient les âmes : "Bleu-céleste", "Tisse-le-feu", "Aurore d'été qui chante" ; un peu long, question d'habitude probablement. Quant aux histoires que Vagabonde raconte sur les autres mondes, un libre court à toutes imaginations !

Un petit bémol, le style d’écriture pauvre, l’emploi trop récurrent du pronom « on », laisse parfois l’impression d’un ton trop impersonnel et familier ! En opposition, à voir aussi la répétition de mots d’un registre trop soutenu : engramme (épigramme) – phagocyté (absorbé) – prophylaxie (préventif).
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Inutile de s’attarder sur la présentation de l’auteur, Stephenie Meyer, mondialement connue dès 2003  grâce à la série « Fascination » (titre original "Twilight"  est une  romancière américaine née le 24 décembre 1973 dans le Connecticut. En mai 2008, elle publie " Les âmes vagabondes", roman de science-fiction ; en 2016 paraît " La chimiste".
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