jeudi 12 janvier 2017

"Une place à prendre" de J.K. Rowling.

2012 - Grasset -
Traduit de l'anglais par Pierre Demarty.
680 pages.



      Bienvenue à Pagford, petite bourgade en apparence idyllique. Un notable meurt, Sa place est à prendre...
      Comédie de mœurs, tragédie teintée d'humour noir, satire féroce de nos hypocrisies sociales et intimes, ce premier roman pour adultes révèle sous un jour inattendu un écrivain prodige. 


      Lecture coup de poing, réflexion introspective sur notre mode vie, plaidoyer accusateur sans concessions sur nos travers qui relèvent de la banalité dans notre quotidien. Et c'est bien le drame, les personnages ne sont que nos caricatures ! L'envers du décor à l'anglaise.

      Il y a vraiment beaucoup de personnages, tous travaillés, un bon panel d'individus. Les traits taillés au fusain notamment avec les habitants de la cité voisine; certaines descriptions sont assez crues (appuient l'aspect sombre et dramatique). Par contre, trop de grossièretés nuit un peu au style. L’exagération du drame social laisse présager une fin peu reluisante, sans effet de surprise.
      Sans entrer dans les détails et en écrire trop sur l'histoire : La place laissée par Barry au sein de la paroisse devient vite le catalyseur d'une guerre intestine et sournoise entre les habitants. Pendant trois semaines, précédant les élections, les candidats se manifestent, tous les personnages tombent les masques, révélant leur nature profonde. Roman polyphonique, tous les événements sont abordés suivant les multiples protagonistes. Impossible d'éprouver une quelconque forme d'empathie ! Toute l'existence d'une petite ville est développée (la cité sociale des Champs ; Bellchapel, la clinique de désintoxication, un abcès pour la communauté "petits bourgeois" de Pagford ; Yarvil, la ville et cité administrative). Il existe même un corbeau !
      Citons quelques personnages clés : Howard Mollison ; homme obèse, épicier et président du conseil paroissial. Samantha Mollison, sa belle-fille ; femme mure s'ennuyant dans son quotidien qui fantasme et boit. Colin Wall, surnommé "le pigeon" ; ami du défunt, souffrant de névroses ! Parminder Jawanda, médecin généraliste, bourgeoise de confession sikhe. Parmi les divers adolescents, mentionnons : Stuart "Fats" Wall, enfant adopté, rebelle à l'autorité. Krystal Weedon, celle qui était la protégée de Barry Fairbrother, habite les Champs avec sa mère Terri, toxicomane notoire ; une jeune fille au profil très caricatural ! Un peu trop même ... 


      Une citation - (Réflexion de Tessa Wall, petite femme rondelette, aux goûts vestimentaires contestables, à mon avis seul personnage en demi-teinte, qui pourrait déclencher de la sympathie).
      "C'était atroce, songea Tessa en se souvenant de Fats bébé, d'avoir le cœur hanté par tous les petits fantômes de ses propres enfants, à mesure que leur vie avançait ; ils ne sauraient jamais - et n'auraient pas aimé savoir - à quel point les voir grandir était un travail de deuil permanent"
      Petit aparté, le roman a été adapté en série (trois épisodes). Je vais peut-être le regarder, juste pour une autre vision du récit. D'ordinaire, je ne suis pas une inconditionnelle des adaptations télévisuelles ou cinématographiques des romans ; trop réductrices et décevantes. Bien trop souvent l'œuvre n'est pas respectée.
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      Un nouveau genre qu'aborde  la romancière britannique J.K. Rowling mondialement connue, il est inutile de la présenter .en détail, la série "Harry Potter", lue et traduite dans le monde entier, c'est elle. Un  grand trait de génie, et les livres sont tout simplement fantastiques. Elle a aussi publié sous le pseudonyme de Robert Galbraith trois autres romans : "L'appel du coucou" (2013) ; "Le ver à soie" (2014) et "La carrière du mal" (2016) - Editions Grasset - A la suite d'une indiscrétion au "Sunday Times" (juillet 2013), son identité est révélée. Pour la petite histoire, elle a toujours voulu s'appeler "Ella Galbraith", et le choix du prénom Robert est un hommage à l'homme politique Robert F. Kennedy. 
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