Titre musical et poétique d'une chanson triste ...
2009 - Gallimard -2010 - Folio - Traduit de l'anglais par Jamila et Serge Chauvin. 268 pages. |
Tout commence avec le décès de Rosamond, la
vieille tante de Gill. Elle laisse en héritage des cassettes enregistrées,
destinées à une lointaine cousine, perdue de vue depuis des années :
Imogen. Un vague souvenir d’une enfant aveugle. Après d’infructueuses
recherches, Gill décide d’écouter
les enregistrements, entourée de ses deux filles Catharine et Elisabeth.
"Puis il y eut une toux, un raclement de gorge ; et enfin une
voix qu’elles comptaient entendre, ce
qui ne la rendait pas moins
fantomatique." (p 37).
Elles se plongent dans un passé familial inconnu.
D’une voix affaiblie par la maladie et
empreinte de nostalgie, Rosamond raconte le récit de sa vie (ses amours avec Rebecca et Ruth) de sa cousine
Béatrix, de sa fille Théa et de sa petite-fille, Imogen Elle commente vingt
photographies choisies par ordre chronologique. Par leurs descriptions soignées,
elle dévoile les tranches de vies de plusieurs femmes sur trois générations. Le
fil de sa vie se brise, elle s’épanche, tente de s’excuser d’être restée le témoin
passif des souffrances d’êtres aimés.
"Pourquoi les photos – les photos de
famille – donnaient-elles toujours aux gens un air si insondable ? Quels
espoirs, quelles angoisses secrètes se dissimulaient derrière ce visage incliné
avec tant d’assurance, derrière cette bouche arborant son sourire caractéristique
et légèrement tordu ?"(p 23).
Elle
tente d’expliquer l’histoire familiale à Imogen, ses origines, son identité,
son pathétique accident qui l’a conduit à la cécité. Ses confidences
d’outre-tombe mettent en scène des portraits féminins marqués par l’absence
d’amour maternel et ses conséquences dramatiques. Histoire personnelle et
grande histoire se rencontrent. Le Blitz à Londres, la vie rurale dans le comté
du Shropshire, la perception de l’homosexualité appuient la destruction
psychologique annoncée dès l’enfance transmise de génération en génération. Une influence innée guiderait les destinées
des personnes malgré elles, assujettissant et façonnant. Les moments de joie s’accompagnent de musique,
inlassablement écoutée « Les chants d’Auvergne » de Cantelouble, avec
un air en particulier « Bailero » une région de France visitée,
prétexte à des épisodes de bonheur inoubliable ou bien à une pause dans une
existence remise en cause.
Un album de famille, toute simple en réalité :
une caravane, une remise de diplôme, des disputes amoureuses, des vacances, une
plage au bord d’un lac, des fêtes de fin d’année et sous-jacent des drames en
veilleuse. Sur le bande son, les confessions donne le "la" au fil du temps qui
passe inexorablement. Une touche de mystère surnaturel accentue le côté
fataliste de l’existence. De fugitives visions et interprétations d’incidents,
de coïncidences favorisent la
sensibilité naturelle et certainement génétique de Gill. Elle tente aussi de
trouver une explication aux tragédies familiales.
Sous une plume fine et intimiste, Jonathan Coe
nous offre un mélodrame poétique et sombre ; une lecture touchante et
inoubliable.
La magie
poétique des mots d’une enfant Théa :
"C’est ma pluie préférée. – Ta pluie préférée ???
… Eh bien moi, j’aime la pluie, avant qu’elle tombe."(p 164).
"Bien sûr que ça n’existe pas, elle a
dit. C’est bien pour ça que c’est ma préférée. Une chose n’a pas besoin d’exister
pour rendre les gens heureux, pas vrai ?" (p 165).
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Né en 1961, à Birmingham, en Angleterre, Jonathan Coe a fait ses études à Trinity Collège à Cambridge. Il a reçu le prix Femina Étranger en 1995 pour son quatrième roman, " Testament à l’anglaise" et le prix Médicis Étranger en 1998 pour "La Maison du sommeil ". Sa prose se caractérise plus dans le registre satirique. Son roman, "la pluie, avant qu’elle tombe" surprend en 2007 ; le thème et le genre sont aux antipodes de ceux traités habituellement par le romancier. Exit les romans politico-satiriques et place à une saga familiale nostalgique, dramatique où se mêle une touche de romantisme, un peu de symbolisme et beaucoup de fureur.
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Né en 1961, à Birmingham, en Angleterre, Jonathan Coe a fait ses études à Trinity Collège à Cambridge. Il a reçu le prix Femina Étranger en 1995 pour son quatrième roman, " Testament à l’anglaise" et le prix Médicis Étranger en 1998 pour "La Maison du sommeil ". Sa prose se caractérise plus dans le registre satirique. Son roman, "la pluie, avant qu’elle tombe" surprend en 2007 ; le thème et le genre sont aux antipodes de ceux traités habituellement par le romancier. Exit les romans politico-satiriques et place à une saga familiale nostalgique, dramatique où se mêle une touche de romantisme, un peu de symbolisme et beaucoup de fureur.
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