Editions Tallandier - 2020 - 356 pages. |
Cette biographie s’ouvre sur l’énigmatique disparition de la romancière le 2 décembre 1926. Plus aucune trace d’Agatha Christie pendant sept jours, elle sera retrouvée dans le Yorkshire dans un hôtel et jouera la carte de l’amnésie. Les rumeurs iront bon train. Malheureuse en mariage et déprimée par le décès de sa mère, elle a probablement cherché dans la fuite une bouffée d’oxygène, s’offrir une parenthèse à un univers sombre et anxiogène. Elle aura fait la une des journaux anglais, sa notoriété nouvelle comme romancière aidant.
Qui n’a
jamais lu un roman de la « reine du crime » ? Dans nos mémoires,
restera toujours ce curieux petit détective belge aux moustaches si soignées
qui a toujours su découvrir les coupables en utilisant ses petites cellules
grises. Des crimes qu’une Mrs Marple ne résoudra pas dans de folles courses
poursuites, mais plutôt assise avec ses travaux de couture. Une vraie fouine et
une grande observatrice qui prendra les coupables dans les mailles de son
sempiternel tricot. Agatha Christie a laissé à la postérité des œuvres policières
dont personne ne se lasse !
Nous découvrons une enfant prodigieuse, une jeune femme exceptionnelle
férue d’opéras, de musique classique. Pour notre plus grand étonnement, Agatha
Christie apparaît volontaire, indépendante et mauvaise en orthographe ! Laissons
de côté, la romancière noircissant des pages blanches, travailleuse acharnée. Elle
ne s’est prise jamais au sérieux. Elle a écrit par plaisir, juste une envie, un
moyen de se divertir et d’arrondir les fins de mois. Elle a su concilier sa vie
de femme, ses succès littéraires et sa grande passion des voyages. Ce n’était
pas une mince affaire d’entreprendre tous ces périples, à l’assaut des dunes sous
une chaleur étouffante. Et pour se rafraîchir, un peu de surf. Rien ne l’arrêtait !
Autre révélation, sa passion pour le
théâtre, ses nombreuses mises en scène avec à la clé de beaux succès. Intrépide
voyageuse, elle nous surprend dans sa frénésie d’achats de nombreuses maisons en
Angleterre dont « Greenway », dans son cher Devon.
Personnellement,
après la lecture de cette passionnante biographie, j’ai bien envie de relire un
ou deux des romans d’Agatha Christie en ma possession ou bien foncer chez un libraire
et découvrir d’autres récits policiers qui sans aucun doute seront des plus savoureux.
Mais, surtout, je vais me ruer sur ses récits plus personnels qu’elle a écrits
sous un pseudonyme : Mary Westmacott.
L’auteure nous brosse un beau portrait de la vie bourgeoise et aristocrate anglaise de cette première moitié du XXe siècle. Des existences oisives pour la grande majorité avec toujours l’obsession de trouver un bon parti pour les jeunes femmes. Avec le recul, la course au mari fait sourire. Cette façon de vivre, nonchalante, si British se retrouve aussi dans les romans d’Agatha Christie. Les hôtels chics, les voyages interminables et les retrouvailles entre personnes de bonne famille. La romancière a su exploiter sa vie et son milieu social en charmants clins d’œil dans ses intrigues policières.
Cette approche de la vie personnelle de cette romancière prolifique nous permet mieux de comprendre ses sources d’inspiration et pourquoi elle a choisi ce genre de roman. A son époque, les policiers étaient plus abordés par les hommes. Misogynie oblige !
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