jeudi 20 février 2020

"Marie-Antoinette, carnet secret d'une reine" de Benjamin Lacombe.

Un pinceau, des couleurs et un trait de génie servent à merveille la plus célèbre reine de France, Marie-Antoinette.


Top lectrice France Loisirs.

2018 - Editions Soleil (collection Métamorphose)
2019 - France Loisirs.
125 pages.
En quatre chapitres, les grandes lignes de l'existence de Marie-Antoinette se dessinent. Cécile Berty, historienne, signe la préface, et sous son égide, l'auteur Benjamin Lacombe, artiste génial, associe des extraits de la correspondance de marie-Thérèse d’Autriche adressée à sa royale fille avec des brides d'un carnet secret fictif tenu par Marie-Antoinette. Les superbes illustrations habillent le texte et accentuent l'idée grand siècle. Marie-Antoinette écrit sur tout, de courts textes, des phrases concises sur son arrivée en France, ses débuts à la Cour, sa vie à Versailles. Des écrits intimes sans voyeurisme survolent son existence par petites touches. Sa vie privée particulière s'esquisse, son mariage difficile, ses bonheurs, Trianon, ses plaisirs futiles prennent vie. Mais aussi, se peint les tableaux de ses douleurs, la mort de deux de ses enfants, les folles cabales à son encontre, le désastre de la Révolution, son emprisonnement et sa mort.

Les différents tableaux nous offrent une vision très onirique de la reine. Le personnage est amplifié, rajeunit et intemporel. Après une nuit peuplée de rêves des plus étranges, au réveil, il ne nous reste plus que des plans, des images d'une femme au regard fixe et fantasmagorique dans des situations de contes macabres. Je pense notamment à la reproduction montrant Marie-Antoinette endeuillée et entourée de corbeaux dans une ambiance sombre et lugubre et annonciateur d'heures sombres et dévastatrices. Les dessins et le choix des couleurs expriment un symbolisme très fort, plus révélateur que des mots. La reine, assise, blafarde sur son lit d'apparat entourée de ses petits chiens, seule et droite, se laisse enlacée et entravée par un rosier aux fleurs magnifiques et rouges aux épines acérées et blessantes. Timidement, l'humour passe la porte lorsque est présenté les fameux "poufs", des coiffures excentriques et vertigineuses, si célèbres à cette époque. La reproduction des lettres de l'archi-duchesse, Marie-Thérèse, rappelle les devoirs d'une reine, ses obligations et la forte personnalité d'une mère impériale et omnisciente. En opposition, le journal fictif brosse le portrait d'une jeune femme jetée trop tôt dans un univers  particulier et étouffant qui préfère s'étourdir de bals, jeux, bijoux, colifichets et dentelles superficielles. Marie-Antoinette, enfermée dans une cage dorée avec pour seule échappatoire son petit cocon personnel : Trianon. Merci à Benjamin Lacombe pour ses hommages aux grands peintres de l'époque tels que Madame Vigée-Lebrun et Monsieur Fragonard. Je ne le remercierai pas pour  ma taille de guêpe, mais j'ai bien envie de goûter aux pistoles au chocolat ou autres croissants de lune, gourmandises appréciées de la reine.

Un livre, assurément à classer parmi les beaux livres, il respecte son sujet et l'Histoire  et surtout l'intérêt de cet album réside dans ses magnifiques illustrations, un trait de génie de Benjamin Lacombe. Tout est réuni pour que nous appréciions à sa juste valeur un livre riche en émotions.

L'illustrateur et auteur a su créer de manière originale et intéressante un hypothétique journal intime de la reine pour raconter brièvement son destin tragique et romanesque. Les gravures possèdent à elles seules les clés des périodes importantes de l’existence de la souveraine. C'est une autre façon d'aborder le genre biographique ; un jeu de pistes et de symboles à déchiffrer pour mieux comprendre le personnage. 

Un livre vraiment ludique, original, rapide à dévorer, si beau et agréable à feuilleter.




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