Une lecture envoûtante ...
2016 - Presses de la cité - 2017 - France Loisirs Traduit de l'anglais (Australie) par Anne-Sylvie Homassel. 759 pages. |
2003 – Sadie Sparrow, jeune policière londonienne, en vacances forcées,
se réfugie chez son grand-père maternel dans les Cornouailles. Sa dernière
enquête, l’a profondément affectée. Dans un appartement, son supérieur et elle
ont trouvé une très jeune enfant, seule, apparemment abandonnée par sa mère.
Elle refuse de croire à la fugue de la mère, s’investit personnellement, trop
même et commet une faute. Sa vie privée se trouve des plus compliquées et un
courrier l’ébranle et la jette dans les griffes d’un passé qu’elle essaie tant
bien que mal d’oublier. Dans la campagne des Cornouilles, elle s’épuise en
courses. Un jour, elle découvre un domaine magnifique où trône une imposante
demeure, abandonnée par ses occupants et comme figée dans le temps. Subjuguée,
sous le charme, elle cherche à en savoir plus.
"Leur maison est devenue notre palais de
la Belle au bois dormant, en un sens." (p. 82).
1933 – A Loeanneth, « la maison du lac », pendant la fête du
solstice d’été, le dernier né de la famille Edevane disparait. Enlevé,
assassiné, Théo, onze mois, n’a jamais été retrouvé. L’enquête n’a jamais
abouti ; laissant une famille à jamais brisée ; des parents et trois sœurs
murés dans leurs silences et leurs souffrances.
…
Sadie, piquée au vif, désœuvrée et sensible au drame reprend l’enquête. Les
multiples détails troublants aiguisent sa curiosité qui tourne vite à l’obsession.
" Leurs enfances avaient beau ne pas se ressembler, Sadie se sentait proche d’Eleanor Edevane. Elle avait conçu une certaine affection pour la jeune héroïne du conte, si loyale, si courageuse et cependant si espiègle : le genre de petite fille que Sadie enfant aurait voulu être." (p 190).
" Leurs enfances avaient beau ne pas se ressembler, Sadie se sentait proche d’Eleanor Edevane. Elle avait conçu une certaine affection pour la jeune héroïne du conte, si loyale, si courageuse et cependant si espiègle : le genre de petite fille que Sadie enfant aurait voulu être." (p 190).
A Londres, Alice Edevane, seconde sœur de
Théo, devenue auteur de romans policiers à succès, s’émeut d’apprendre qu’une
personne s’intéresse à cette disparition. Les fantômes de son propre passé frappent
à sa porte et sa jeunesse dans cette merveille maison du lac s’invite. Après le drame, elle n’est jamais
revenue dans cette « maison du lac » si chère à son cœur.Parallèlement, avec le charme d’une
grande conteuse, Kate Morton brosse
le portrait d’Eleanor, personnage capital une mère, femme surprenante, bouleversante. La Première Guerre
mondiale jette de noirs nuages sur son mariage avec le bel et généreux Anthony,
rencontré et aimé dans des conditions follement romanesques ! Une enfant
aussi, héroïne d’un conte féerique, écrit par un ami de son père, plongée dans
des rêves fabuleux d’aventures et tellement attachée à Loeanneth, sa maison du
lac et ses fabuleux jardins.
"… le passé, au mépris du temps, vous
rattrapait toujours." (p 84),
une petite phrase qui s’applique à tous les personnages de ce grand roman. Le
passé guide leurs actes, pensées et chacun souffre et se brise à son contact
quasi-permanent.
Chassés-croisés entre mensonges d’une nuit d’été, secrets enfouis,
culpabilité, sacrifices et apparences à sauver ; tout ces allers et retours entre les différentes
époques abordent : les deux guerres mondiales et leurs indélébiles traumatismes ;
l’enfance avec ses joies, ses peines et ses désenchantements ; la nostalgie ;
les souvenirs ; l’amour, ses joies, ses peines et déchirements ; et
le rôle d’une femme, d’une mère, ses dualités et ses sacrifices, seule à
décider et à protéger ceux qu’elle aime.
"Les libellules n’imaginent pas une seconde qu’elles puissent
prévoir l’avenir. Elles volent de-ci, de-là, prenant plaisir à la caresse du
soleil sur leurs ailes." (p 203).
Les drames sonnent le glas des insouciances et des rêves propulsant l’enfance
dans le monde des adultes.
Ce n’est pas un roman policier au sens propre, mais plutôt une quête,
une soif d’absolution pour Sadie, un repos de l’âme pour Alice vieillissante. Le
présent qui demande des réponses à un passé pour en finir avec ses
questionnements sans fin.
Un roman d’atmosphère, au charme à l’anglaise, avec ses paysages des
Cornouailles, ses vieilles demeures chargées de souvenirs et hantées par leurs
secrets étouffés dans leurs pierres froides rappellent par petites touches lointaines les
décors des romans de Daphné du Maurier. De multiples rebondissements, des immersions
dans l’intimité de chacun, récit polyphonique nous enchainent à l’intrigue. Il est vraiment
difficile de quitter ce récit, la dernière page tournée. Un final très
surprenant, un beau jeu de coïncidences, laisse pointer une petite lueur au fond d’un tunnel
bien long.
"Vivant de surcroît à Loeanneth, maison riche de sa propre
histoire ; ils devaient fatalement construire leurs propres vies comme des
romans. Y manquait pourtant toujours un chapitre, le même, que personne n’avait
jamais raconté." (p 495).
J’affectionne tout particulièrement ce genre de roman et Kate Morton
excelle avec les récits d’atmosphère jouant à merveille avec les époques, les
secrets de famille, sachant ouvrir avec finesse les tiroirs à mystère ; ensorcelant
ses lecteurs avec ses descriptions de lieux et d’objets. Une subtile maitrise
de style et de vocabulaire nous projette dans l’esprit de ses personnages et
nous partageons de concert leurs joies et souffrances. Un de ses effets
stylistique, la phrase nominale permet des raccourcis saisissants et traduit
avec subtilité une idée et même une émotion !
"Théo. Les questions du journaliste, le photographe, Alice dans l’embrasure
la porte." ( p 177).
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Kate Morton est née en Australie en 1976 ; titulaire d’une maîtrise sur la littérature victorienne, férue de littérature gothique est depuis toujours fascinée par les romans d’atmosphère. Son premier roman, Les Brumes de Riverton (Presses de la Cité, 2007), écrit à 29 ans, est un succès mondial, bientôt suivi par Le Jardin des secrets (2009) et Les Heures lointaines (2011), puis La Scène des souvenirs (2013), chez le même éditeur. Son dernier roman, L’Enfant du lac, parait aux Presses de la Cité en 2016.
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Kate Morton est née en Australie en 1976 ; titulaire d’une maîtrise sur la littérature victorienne, férue de littérature gothique est depuis toujours fascinée par les romans d’atmosphère. Son premier roman, Les Brumes de Riverton (Presses de la Cité, 2007), écrit à 29 ans, est un succès mondial, bientôt suivi par Le Jardin des secrets (2009) et Les Heures lointaines (2011), puis La Scène des souvenirs (2013), chez le même éditeur. Son dernier roman, L’Enfant du lac, parait aux Presses de la Cité en 2016.
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