mercredi 8 mars 2017

"La maison du lac", Hannah Richell.

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2015 - Belfond -
Traduit de l'anglais par Florence Hertz.
406 pages.


J'apprécie sans modération ce genre de roman où sommeillent de lourds secrets aux conséquences inattendues. Ces récits alternent toujours entre passé et présent, confèrent une ambiance feutrée où petit à petit la brume se lève. 

Lila, jeune femme dépressive, suite à un accident tragique, reçoit ce cottage isolé au bord d'un lac en héritage. Elle décide de s'isoler pour tenter de se reconstruire, loin de sa vie londonienne et au cœur de la nature. Sa souffrance l'éloigne de son mari Tom ; intriguée par ce don anonyme, Lila  entreprend de rénover cet endroit magnifique et isolé avec l'étrange impression de connaitre cet endroit. Parallèlement, nous découvrons  ce même cottage au début des années 80, lorsque des jeunes diplômés sans réelles aspirations décident de s'y installer clandestinement, en communauté. Un mode de vie simple et idéal, un peu à la mode "hippies"  loin des contraintes sociales , en totale autarcie. Les points de vue de Lila (pour le présent) et de Kat (pour les années 80) sont présentés en alternance, assurant ainsi l'intérêt permanent du lecteur.





Au fil des chapitres, le lien entre les deux histoires et leurs personnages respectifs se dessine  peu à peu. Un triste tableau se dresse fait de trahisons, de relations blessantes, d'idéalisme brisé sur la réalité du quotidien. Les indices se révèlent petit à petit de manière intelligente, garantissant une découverte progressive de ce qui s'est réellement passé trente ans plus tôt, un suspens qui ne fait que croître jusqu'au dénouement glaçant éclairant le mystérieux prologue. C'est au bord de ce lac que la nature, parfois très sombre, tableau d'inspiration romantique que chacun révèle sa vraie personnalité. Que s'est-il vraiment passé le jour où Lila a chuté dans les escaliers ? Que sont devenus les jeunes étudiants ? Pourquoi ont-ils quitté si brusquement la maison ? Quels liens entretiennent-ils avec Lila ? Y-a-il interaction entre les deux drames ?


J'ai éprouvé une réelle empathie pour le personnage de Lila face à ses souffrances, ses doutes et son envie de comprendre les raisons du drame. La rénovation de la petite maison est comme une bouffée salvatrice. Par contre, kat , la seconde narratrice,  m'a agacée tout le long du roman ! Ni son passé, ni son état d'amoureuse aveugle, faible et égoïste n'ont eu de grâce à mes yeux ! Sa petite soeur Freya charme et bouleverse par sa fraîcheur et ses sentiments sincères. Elle seule, réfléchit et analyse leur situation. 

Hannah Richell possède un talent de conteuse indiscutable ; la psychologie de chaque personnage et les tensions de la vie en communauté sont toutes deux très bien analysées. La nature et son changement au fil des saisons est magnifiquement bien décrit. C’est un roman  nimbé de mystères et d'émotions que je conseille vivement pour l’intrigue, superbe. Sur la fin, chair de poule assurée et petite larme au coin de l’œil ...

"- C'est bien un lac, pas un étang - On dirait un œil bleu qui brille, frangé par les arbres au pied des collines. Il lui semble être arrivée dans une vallée secrète, un sanctuaire à l'atmosphère étrange et méditative." (p 38, Kat)

"En passant les doigts sur l'écorce rugueuse, elle découvre un gros nœud de forme insolite et l'étudie. Il est en forme d'amande, et son centre est marqué de deux cernes, le plus sombre au centre. Un tache, dans un coin, a l'air d'une larme. Plus elle regarde, plus la ressemblance avec un œil est frappante." (p 84, Lila) 

"le vent s'est levé. Les roseaux tremblent et murmurent de noirs secrets." (p 474, Kat)






Cette citation de Gustave Flaubert reflète assez  bien le genre et le style de ce roman.

"L'avenir nous tourmente, le passé nous retient, c'est pour ça que le présent nous échappe."
(Lettre à Louise Colet)

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Hannah Richell, originaire du Kent passa son enfance dans les régions rurales d'Angleterre.
Diplômée de l'Université de Nottingham en 1998, elle a travaillé dans l'industrie du livre, avant d'émigrer en Australie à la fin de l'année 2005.

Deux romans publiés :
"Un fragile espoir en 2014. (succès international et traduit en quinze langues) .
"La maison du lac" en 2015.
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