jeudi 6 avril 2017

"Ecriture, mémoires d'un métier " de Stephen King.

2001 - Editions Albin Michel. 2003 - Le livre de poche.
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par William Olivier Desmond.
350 pages.


Toujours très intéressant et émouvant lorsqu'un écrivain ouvre les portes de son jardin secret. Ici, Stephen King se raconte personnellement et dévoile ses astuces et manies d’écriture.

La première partie dépeint par touches désordonnées son enfance et son adolescence dans un milieu modeste et mono parental (il n’a jamais connu son père). Ses souvenirs sont choisis, sa mémoire volontairement ou non sélective. Petit aparté, ses baby-sitters sont assez spéciales, de quoi choquer un enfant !  Quant aux soins prodigués pour une otite peuvent inspirer une séquence de film dans un hôpital désaffecté ! Sa partie « C.V » reste sincère et touchante, le personnage « Stephen King » prend forme … Ses premiers écrits, il les soumet à sa mère qui l’encourage toujours. Certains détails de sa vie ont servi pour ses romans. Deux camarades de cours, au destin sinistre, ont servi de modèle pour le personnage de Carrie ; son milieu socio culturel se retrouve dans beaucoup de ses œuvres. Très jeune, il a composé des brefs récits du genre épouvante.
Elle s'applique probablement plus facilement au genre et thèmes abordés par l' auteur. (Pour corroborer : son aversion de la technique des " flash-backs", bien utilisée par Daphné Du Maurier dans son roman "Rebecca", un genre vraiment différent !).  Très souvent, il utilise le lecteur comme un paravent pour justifier ses choix dans l'écriture de ses romans.

"Je m'appuie bien plus sur l'intuition, et cela parce que mes livres ont tendance à se fonder sur une situation plutôt que sur une histoire"  (p 194). 
Bangor, dans le Maine
Ensuite, il narre ses difficultés à être publié, les refus épinglés aux murs, les annotations, les premiers conseils reçus. Adulte et marié, professeur dans un lycée, sans détours, il aborde ses difficultés financières jusqu’à la consécration en 1974 avec la publication de «Carrie», premier pas dans sa carrière littéraire. Toujours avec franchise, il dénonce ses addictions à l’alcool et aux diverses drogues, paravents chimériques nécessaires à la création. Il rend hommage à sa femme, plein de tendresse et d’amour ; une aide précieuse contre ses dérives et elle tient le rôle de « premier lecteur » et son opinion est très précieuse !
Les parties « boîte à outils et écriture » nous conseillent pour écrire un bon roman. Dans un style direct et sans appel, il partage son expérience d’auteur. Sous couvert de comparaisons qu’il affectionne, il ouvre sa boîte à outils et nous offre tout son matériel d’artisan romancier car écrire c’est avant tout un métier avec apprentissage et pratique. Les bases à maîtriser : le vocabulaire, la grammaire, l’orthographe, la syntaxe ; et surtout lire, lire et lire … Avec lui, pas de muse penchée sur un berceau ! Du travail et encore du travail et avec toutes ses astuces, il passe en revue la langue, les personnages, les brouillons et les horaires de bureau à respecter. Stephen King milite avec force conviction contre l’utilisation d’adverbes de manière, pour la suppression de la voix passive et de la structuration des paragraphes.
Au passage, il écorne le milieu littéraire américain, la bonne société intellectuelle et insiste fièrement sur son étiquette d’auteur populaire !
Certains passages du livre évoquent des traits caractéristiques propres à l’édition américaine, et à leur culture de l’écrit. Très critique à ce sujet, il me semble quand même moins hermétique qu’en France.  Parfois, il nous perd un peu ! En exemple, les cours pour être romancier ; et cette curieuse manie de compter les mots d’un roman !
Il termine cet essai par son accident de la route où il a failli perdre la vie ; l’écriture a été comme un exutoire !  L’écriture est une forme d’expression, d’épanouissement, un plus financier mais pas au détriment de la vie personnelle.
Connaître, découvrir un auteur, voilà le genre de livre que j’aime. Toujours captivant d’aborder la naissance d’une écriture et en l’occurrence, ici celle de Mr Stephen King. Les mémoires d’un grand homme restent toujours très attachantes et captivantes … Cet essai reste un hommage à l’écriture. Gardons à l'esprit que ce texte sur l'écriture est très subjectif, ce n'est pas un manuel d'écriture ; une méthode très personnelle du romancier qu'il a souhaité partager. 

« L’un des plus grands attraits de la lecture a toujours été cette progression en bateau de croisière, luxueuse et nonchalante » (p 264).

_________________________________________________________________________


Stephen King , romancier américain est né  le 21 septembre 1947 à Portland, dans le Maine (Etats-Unis). Il a publié son premier roman en 1974 ("Carrie "), devient rapidement célèbre dans le domaine de l’horreur.   Il a également écrit des livres relevant d'autres genres comme le fantastique, la fantasy, la science-fiction et le roman policier. Mondialement connu et auteur prolixe, je n’énumérerai pas tous ses romans, liste trop exhaustive et qui n’est pas le but de ce petit billet. En plus, je l’avoue, je ne suis pas une grande adepte du genre horrifique ; alors je ne citerai que  ses romans lus, mélange de paranormal et de fantastique : "Salem" (1975), "Shinning" (1977), "Çà" (1986),"Sac d’os" (1998).
_________________________________________________________________________

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire